Des mois que l’on n’a pas vu une goutte de pluie, chacun attend, y compris cette petite fille qui a décidé de ne pas bouger de sa cour tant qu’il n’aura pas plu. Arrivent le masta (couturier ambulant) , le livreur de bois, le pousseur de barriques, les oncles qui viennent boire le thé, discuter des récoltes et la journée s’écoule dans une cour de Ouagadougou…la pluie arrive enfin et là rien de plus ravissant que de s’allonger sur le canapé et d’écouter, bien à l’abri, le bruit de la pluie sur la tôle ondulée.
Cette histoire est un excellent prétexte pour croquer le quotidien et faire connaître aux enfants ce qu’est la vie à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. On découvre ce qui se passe dans une cour africaine, les différents petits métiers, divers objets, des mots de vocabulaire inconnus mais expliqués par la narration ou par le dessin. Les illustrations regorgent de détails dans une mise en espace ou la perspective est gommée, gardant un côté naïf et enfantin au premier abord. Le point de vue varie d’une page à l’autre, laissant parfois flotter le décor pour mieux se concentrer sur les détails d’une scène de vie ou sur des objets du quotidien qui apparaissent dessinés au trait sur fond de cahier d’écolier, le tout rappelant le style des carnets de voyage. Les illustrations sont traitées avec des encres de couleurs vives avec par endroit un effet aquarelle. Le dessin est cerné d’un trait fin à l’encre rouge mais ce trait est parfois débordé par la couleur. La luminosité et les ombres suivent le cours de la journée, comme le ciel qui s’obscurcit jusqu’à l’arrivée de la pluie. Le texte s’intègre dans l’image, suivant les courbes du dessin ou sur les blancs de la page, de manière complice ne rompant jamais l’harmonie des illustrations en double-page.