Melvil est une girafe qui a beaucoup d’amis et qui se sent bien dans sa peau. Un jour pourtant, il entend deux hyènes chuchoter dans son dos à propos de ses taches brunes – et il sent qu’il rétrécit ! Le lendemain, l’hippopotame trouve son jeu de trompette terriblement mauvais. De nouveau, Melvil rétrécit un peu. Et tous les jours, on se moque de lui… À la fin de la semaine, il est si petit qu’il peut se glisser sous le canapé pour cacher sa tristesse.
Mais lorsque ses amis déposent un jour un cadeau et une carte postale devant sa porte, Melvil comprend enfin ce qui lui arrive. Il saura se confier à ses parents, sortir de sa cachette, puis…
Recommandé par « Stiftung Lesen »
(Fondation Lire, Allemagne)
« Avec des images colorées et des textes sensibles,
cette histoire d’animaux permet aux enfants de comprendre
ce qu’est l’exclusion et l’importance de la famille,
de l’amitié et de l’estime de soi. »
L’avis de Ricochet
Melvil, un jeune girafon, a plein d’amis avec lesquels il se sent bien. Mais, un jour, il entend deux hyènes murmurer au sujet de ses taches brunes, puis, quelques jours après, deux singes chuchoter sur ses capacités gymniques… Les remarques et moqueries s’enchaînent et Melvil rapetisse sous le poids des critiques qu’il reçoit, parfois indirectement. La jeune girafe rétrécit progressivement, jusqu’à perdre des mètres de hauteur ! Ses parents, inquiets, s’interrogent, mais Melvil ne sait pas ce qui lui arrive… Jusqu’au jour où ses amis – à l’origine des remarques blessantes – font un pas vers Melvil : cette fois, leurs mots finiront par les pousser à la réconciliation.
L’écriture claire et directe de Jochen Weeber témoigne de l’impact des mots sur un jeune enfant, imagé ici par le girafon. Ce dernier accumule ses peines, sans trouver les mots pour s’exprimer auprès de ses parents. Plus les mots le blessent, plus il se sent faible. La souffrance prend corps et se révèle physiquement. C’est l’expressivité des visages animaliers, dépeints par Fariba Gholizadeh, qui permet de mettre l’accent sur le pouvoir des mots et leur usage parfois maladroit : les amis de Melvil ne pensaient pas à mal et ne souhaitent en aucun cas offenser Melvil. La mise à distance du réel par le monde animalier invite le lecteur à s’identifier en douceur aux personnages, que ce soit à Melvil ou à ses amis. Peut-être que Melvil est « trop sensible », du moins aux yeux des autres, mais cela n’empêche pas de réfléchir aux conséquences – (in-)volontaires – que les mots peuvent avoir, autant pour celui qui en est l’auteur que pour celui qui en est le destinataire. Les couleurs vives et chaleureuses des illustrations participent pleinement à ce projet discursif : prenons soin les uns des autres et tâchons de faire attention à la sensibilité de chacun, ainsi qu’aux mots, qui attisent autant qu’ils guérissent les maux.
Manon Reber