Qu’est-ce que le kamishibaï, paquet de planches illustrées glissées dans un coffret ? D’où vient cette technique de conte ? Comment fonctionne-t-elle ? Quelle est sa spécificité par rapport à tous les autres supports de texte oral ou écrit ? Quelle ressource offre-t-elle ?
Un des souhaits de l’auteure en écrivant ce livre est de créer un réseau, où se retrouvent tous les acteurs de bonne volonté qui utilisent le théâtre d’images.
En 2007 est sortie la première édition de La boîte magique, depuis le paysage du kamishibaï a bien évolué : nouveaux éditeurs, nouvelles façons de l’utiliser, public élargi. Une actualisation était nécessaire.
La voici !
Un livre référence sur le kamishibaï
Le kamishibaï ou théâtre d’images est une technique de contage d’origine japonaise, basée sur des images de la taille d’un écran de télévision défilant dans un castelet de bois à trois portes (butai). Il a suivi l’histoire du lapon depuis le VIIIe siècle. Après un long endormissement, il a connu un renouveau à la fin du XIXe siècle avec l’apparition du cinéma. Mais ce n’est qu’en 1923 qu’apparaît le premier kamishibaï pour enfants, intitulé La chauve-souris d’or et inspiré des mangas (mot désignant les croquis burlesques, créé par le peintre Hokusaï au XVIIIe siècle). Depuis les années soixante-dix, le kamishibaï s’est répandu dans le monde (Suisse, France, Hollande, Belgique, États-Unis) et s’est adapté aux conditions culturelles des pays d’accueil. Le kamishibaï peut être utilisé facilement dans tous les lieux de rencontre (bibliothèques, écoles, hôpitaux, prisons, maisons de retraite…). Il est irremplaçable pour l’alphabétisation, la lecture de l’image, l’apprentissage de la lecture à haute voix, la création et l’écriture d’histoires.
Edith Montelle, qui a découvert le kamishibaï en 1976 à la Foire Internationale du livre pour enfants de Bologne, a expérimenté cette technique avec des publics variés, de tous âges, et a constaté la fascination exercée sur tous par ce théâtre d’images. Elle l’a aussi souvent utilisée pour la création d’histoires avec des adolescents et des enfants. Elle enseigne cette technique aux professeurs de langue étrangère qui viennent du monde entier en été au Centre de Linguistique appliquée de Besançon (Doubs).Qu’est-ce qu’un kamishibaï
Qu'est-ce qu'un kamishibaï ?
紙 kami ~ 芝居 shibaï
紙芝居 : "pièce de" théâtre sur papier
Le kamishibaï signifie littéralement : “jeu théâtral en papier”. C’est le nom donné pour désigner une série de planches cartonnées, en papier à l’origine. Ces illustrations racontent une histoire, chaque image présentant un épisode du récit. Le recto de la planche, tourné vers le public est entièrement couvert par une illustration, le verso est réservé au texte, très lisible, avec une image miniature en noir et blanc reproduisant le dessin vu par les spectateurs.
Les planches illustrées sont introduites dans la glissière d’un butaï, ou “castelet”, ou théâtre en bois ou en carton, fermé par deux ou trois volets à l’avant. Une fois ouverts, les deux volets latéraux dirigés vers l’avant assurent l’équilibre de l’objet. L’arrière est évidé pour que le conteur puisse lire le texte. Le butaï se pose sur une petite table, par exemple, à une hauteur suffisante pour être bien vu par tous, il encadre l’image et focalise l’attention des auditeurs sur l’illustration. il sépare d’une manière claire le monde de la réalité extérieure et celui de la fiction.
Contrairement à la page tournée d’un livre, la planche suivante du kamishibaï apparaît en s’intégrant dans la scène précédente. La répétition préalable devant un miroir aide à adapter le passage d’une image à l’autre. il est important que le conteur soit attentif aux indications scéniques inscrites dans le texte par l’éditeur.
Parfois le passage se fait très lentement, en continu, parfois il est nécessaire de retirer l’image en deux ou trois étapes, en s’arrêtant aux traits de repère pour créer du suspense. Cette technique, particulière au kamishibaï, donne du mouvement à l’illustration, comme dans un dessin animé, et multiplie les scènes imagées par deux ou trois.
Parfois, l’image est retirée rapidement, créant un effet de surprise. Une séance de kamishibaï se prépare comme une pièce de théâtre et peut se personnaliser à votre gré (ajout de bruitages, etc.).
D’après un texte d’Édith Montelle, conteuse et écrivain.